Animaae

View Original

Faustine raconte Jerricho

Raconte-nous, ta rencontre avec les chevaux :

J’ai toujours été passionnée des chevaux : ma mère m’a raconté que, déjà toute petite, je montais le cheval de mon parrain même si je ne m’en rappelle pas.

Vers 8 ans, mes parents ont fini par céder à ma demande de faire du cheval et m’ont inscrit dans un centre équestre afin d'avoir des cours. Mais au bout de 2 ans, la condition pour participer étant d’avoir de bonnes notes, j’ai eu de moins en moins de possibilité d'assister aux cours et cela s'est donc arrêté.

Pendant de nombreuses années, j’ai dû vivre ma passion de loin, en allant uniquement caresser les chevaux ou les observer.

A mes 22 ans, lors de la rencontre avec mon mari, je lui ai parlé de ma volonté de renouer avec les chevaux et de remonter dessus et il m’a encouragée dans cette voie.

J’ai donc remis mes bottes en direction d’un centre équestre et pendant 10 ans j’ai monté des chevaux de club.

Trois chevaux étaient chers à mon cœur et m’ont particulièrement marquée :

  • Sangar un papy mi-trait qui était d'une extrême gentillesse et avec lequel j’adorai faire équipe

  • Figaro un grand cheval noir, magnifique qui détestait sauter tout autant que moi

  • Kaolin qui m’a vaccinée des balades et avec lequel j’ai terminé, une fois accrochée à son encolure.

J’ai fini par monter de plus en plus de chevaux qui ne me correspondaient pas et avec lesquels j’étais mal à l’aise en selle. A côté de cela, j’avais plusieurs de mes amis qui ont commencé à se lancer dans l’aventure de l’achat d’un cheval.

Raconte-nous, ta rencontre avec Jerricho :

Une de mes amies qui venait d'acheter son cheval m'a immédiatement contactée pour me dire : « j’ai vu un loulou qui te plairait trop ».

Je l’ai accompagnée pour faire la connaissance de son cheval et nous en avons profité pour aller à la rencontre de celui dont elle m’avait parlé.

Et là, le coup de foudre : j’ai vu juste une tête, une énorme tête noire atypique et qui était en "mode curieux". Directement, je me suis dit : « un véritable cheval de rêve » et cela en ne voyant que sa tête.

J’ai préféré m’éloigner de lui car je savais que sinon j’allais m’attacher à lui et le prendre avec moi, mais je ne me sentais pas encore prête à franchir le pas d’avoir mon propre cheval.

Pendant 1 an, j’ai continué à surveiller de loin son annonce. En même temps, dans mon village, je voyais régulièrement 3 chevaux dont un croisé trait qui me faisait penser à lui et je parlais régulièrement de ce dernier à mon mari.

Au bout d’un an, j’ai fini par craquer et je suis allée le chercher.

Raconte-nous, ton parcours avec Jerricho :

Nous avons appris à nous connaître dans une écurie tournée vers l’éthologie.

Et, comme je pars du principe qu’un cheval ne doit pas être obligatoirement monté, cela nous convenait bien à tous les 2.

Quand je l’ai acheté, je me suis dit que, même si je ne pouvais pas le monter, il serait mon cheval de compagnie que j’aurai plaisir à aller voir.

Et franchement c’était un amour de cheval, sans réel vice et qui me convenait plutôt bien.

C’était mon cheval de rêve, mon cheval noir, énorme, à moi.

Il a réappris à travailler un peu, sur le plat, car je pense que c’était plutôt un cheval pour les balades tranquilles.

On a aussi découvert ensemble les balades à pied et tenté quelques balades à cheval en groupe ; même si cela se passait bien pour lui, moi je n’étais pas hyper à l’aise et très stressée.

Je me rappelle de certains moments mémorables dont un où je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai profité d’un cours de saut pour sauter avec lui. Lui a adoré même si moi je n’étais pas rassurée.

Il avait aussi ses moments de folie, qui se passaient le plus souvent lorsque j’allais pour lui enlever le licol et le lâcher dans son paddock ou le rond de longe. Je n’avais souvent pas le temps de lui enlever qu’il était déjà parti avec.

Je me souviens aussi de sa gentillesse et de son attention envers moi pendant ma 3ème grossesse : il n’a jamais été aussi doux et précautionneux avec moi.

A l’arrivée de mon 3ème enfant, j’ai souhaité le rapatrier le plus proche possible de mon domicile où il s’est parfaitement acclimaté et est devenu la coqueluche de l’écurie. Nous avons continué notre petite vie ainsi pendant 6 ans.

Raconte-nous, comment tu as découvert sa maladie ?

En septembre 2020 comme quasiment tous les soirs je l’ai mis dans un paddock, où pour une fois, il y avait une flaque d’eau.

En l’observant, je vois qu’il se met à boire dans la flaque en me regardant d’un air « tu as vu, quelque chose ne va pas », et à ce moment là, l’eau ressort par sa narine droite.

Sur le moment, je rigole en me disant que cela n’est pas banal mais j’en parle tout de même avec les personnes de mon entourage car cela me perturbe un peu quand même. Je pense d’abord à un problème de dents, donc je fais passer le dentiste qui ne trouve rien de spécial.

Je décide de faire venir le vétérinaire, qui, au départ, pense à un problème au niveau des sinus mais après la 1ère visite, il me conseille de venir faire des examens en clinique avec radio et endoscopie.

Sur les radios rien de flagrant ; cependant à l’endoscopie au niveau du pharynx, on voit un énorme trou qui semble infecté.

Le diagnostic tombe : tumeur du pharynx.

Raconte-nous, ce que tu as mis en place à la suite de l’annonce de sa maladie ?

Je me doutais que cela pouvait être quelque chose de grave mais à l’annonce mes bras m'en sont tombés : moi qui pensais encore avoir au moins 10 ans à partager avec lui, j’étais anéantie.

Le vétérinaire m’a annoncé que dans l’état actuel des choses, on ne pouvait rien faire, juste ralentir l’évolution de la maladie.

J’ai commencé à lui donner un traitement pendant 15 jours. Puis j’ai réfléchi et j’ai choisi de ne pas poursuivre ce dernier car je savais que cela ne le guérirait pas et je ne voulais pas qu’il passe ses derniers mois avec un acharnement thérapeutique.

Au début, il avait le moral, son poids était normal. En parallèle, j'avais mis en place des soins énergétiques pour atténuer les douleurs. J’avais, bien sûr, arrêté de le monter, même quelques mois avant l’annonce de sa maladie car je le trouvais « bizarre ». J’ai aussi fait une communication animale pour savoir un peu quand ce serait le moment pour lui de partir et pour moi de le libérer, et comment je le saurai.

Pendant 6 mois, chaque jour où j’allais le voir c’était la fête pour lui. Je lui ramenai des pommes, des carottes, des mashs, tout ce qu’il aimait. On sortait faire des petits tours dans l’écurie où j’étais.

En 4 mois, il a perdu énormément de poids, mais comme c’était la période hivernale, j’arrivais à le cacher sous sa couverture et il continuait toujours à avoir de l’allant.

Mais, un jour où j’ai dû lui retirer celle-ci, ça a été un choc pour moi car il n’avait quasiment plus que la peau sur les os.

C’était très difficile pour moi car je le voyais dépérir de jour en jour sans vraiment pouvoir faire quelque chose.

Chaque soir je devais prendre sur moi pour aller le voir, j’avais de l’appréhension et de la tristesse, mais pour lui, je me redonnais du courage pour ne pas lui montrer mes émotions, car lui n’avait pas encore abandonné la bataille.

Raconte-nous, comment s'est déroulée la fin de son chemin parmi nous ?

Un soir, comme tous les autres soirs, je le rentre en box, et là son premier réflexe est de se coucher.

J'ai compris tout de suite que c’était la fin ; j’étais en panique. Même si cela faisait 6 mois que je le voyais mourir à petit feu, je n’étais pas prête.

Je suis donc partie chercher le gestionnaire de l’écurie et lorsque je suis revenue devant le box, je vois bien à la tête de Jerricho qu'il ne va pas bien mais qu’il est encore conscient de ce qui se passe. On arrive tant bien que mal à le relever, mais je me dis que la fin est toute proche.

Je décide de prendre les devants et de ne plus attendre.

Le gérant de l’écurie m’a énormément aidée en s'occupant de joindre le vétérinaire afin de programmer son euthanasie. Moi, en parallèle, j’appelais le service d’incinération pour les équidés car je ne voulais surtout pas que le corps de Jerricho reste trop longtemps sur place.

Son départ a eu lieu, le jeudi 29/04/2021 et je m’en souviendrai toute ma vie. Je n’ai pas pu être sur place car je ne me sentais pas le courage de le voir sans vie.

En revanche, la veille, avec plusieurs de mes amis, nous lui avons fait une fête avec tous ses aliments préférés. Je lui ai expliqué qu’il allait être soulagé et qu’il n’avait plus besoin de tenir pour moi et je lui ai fait mes adieux.

Le jour J, j’ai pleuré toute la journée.

Une de mes amies et le gérant de l’écurie qui se sentaient d’assister à l’acte et qui étaient proche de Jerricho, étaient présents avec le vétérinaire.

Les retours que j’ai eus de ces derniers sont que cette dernière étape s’est très bien passée, dans le calme et la douceur, que Jerricho est parti tranquillement, comme je le souhaitais.

Ils ont également pu récupérer des crins de Jerricho afin que je puisse les garder en souvenir. L’entreprise de service d’incinération est passée le lendemain matin.

Raconte-nous, quelle a été la suite pour toi ?

Le service d’incinération m’a renvoyé une petite urne, qui, pour l’instant, est toujours dans son carton. Je n’arrive pas encore à passer l’étape et à l’installer sur une étagère dans ma chambre.

J’ai prévu d’y mettre une belle photo de Jerricho sur la porte vitrée. Avec ses crins, j’ai fait faire un bracelet, un marque page et un porte-clés qui y seront également car j’ai trop peur de les abimer en les utilisant.

A son départ, je me suis jetée à fond dans le boulot, c’est ce qui me faisait tenir. Et comme c’était une période de télétravail, je n’ai pas été obligée de partager ma tristesse avec mes collègues de travail. En revanche, je me retrouvais le soir avec 2 heures de temps libre qui normalement était consacré à Jerricho. J’essayais par tous les moyens de m’occuper, pour ne pas trop souffrir de son absence, le plus difficile étant de changer mes habitudes.

Je me suis aussi laissée un peu de temps loin des chevaux même si je ne me voyais pas vivre sans. J’avais tellement eu mal lors de son départ qui, pour moi, était précipité et pas naturel car je m'étais projetée de vivre pendant longtemps de belles aventures avec lui.

Finalement en juillet 2021, sur Facebook j’ai commencé à suivre des groupes de percherons car j’ai toujours été attirée par eux.

J'ai pris contact avec un des éleveurs qui m’a envoyé une photo d’un magnifique percheron noir qui pouvait correspondra à ce que je cherchais.

Avec une amie, j’ai décidé de me rendre sur place afin de pouvoir mieux me rendre compte.

En arrivant, j’ai vu une vingtaine de percherons dont la majorité etait noire et je me sentais toute petite au milieu d’eux et un peu perdue pour faire mon choix.

Parmi ces chevaux, il y en a un qui essayait d'attirer plus particulièrement mon attention : c’était le plus petit de tous et qui correspond à mes critères c'est à dire calme et gentil. J’ai donc décidé de réfléchir et de revenir un peu plus tard.

En septembre, j’y retourne et je confirme mon coup de cœur pour celui-ci. C'est ainsi que Japplou devient mon 2ème cheval de cœur et le hasard fera que c’est celui dont l’éleveur m’avait envoyé en photo.

N’ayant pas eu le temps que j’aurai pu avoir avec Jerricho, j’ai choisi de prendre tout le temps dont j’ai besoin avec Japplou et de profiter au maximum de lui

Même si le cours de ma vie a repris, chaque matin, j’ai une petite pensée pour Jerricho, bien évidemment: dès que j’ouvre les yeux, je vois sur le mur de ma chambre, son magnifique prénom.

Un grand merci à Faustine, pour son témoignage.

Celles qui sont comme Faustine qui ont, pour mémoire, envie de partager leur histoire avec leur animal de cœur, peuvent me contacter via le lien ci-dessous :